Poèmes tous styles, académiques ou libres publiés ou recueillis par les membres adhérents ou sympathisants de la Ruche des Arts
Vous qui tournez tournez
d' Alain Briantais
Vous qui êtes si belle dans vos escarpins blancs
Et vos chevilles fines qui chantent dans le vent
Vous qui tournez tournez au bras de ce beau brun
Au son d’une valse tendre qui poursuit son chemin
Pourquoi vous retourner et cueillir mon émoi
Je ne sais pas danser et me sens à l’étroit
Vous qui vous déhanchez sur ce rock explosif
Qui soul’vez la poussière et les désirs furtifs
Vous qui tournez tournez sous la chaleur intense
Comme un astr’ éclatant dans l’univers immense
Pourquoi vous reposer pour un brin de causette
Je n’suis pas volubile quand la fièvre me guette
Vous qui semblez si sage dans votre coin perdu
Qui buvez menthe à l’eau et non vodka qui tue
Vous qui tournez tournez vos mains dans vos cheveux
Et repoussez maintes fois les cavaliers fougueux
Pourquoi vous retrancher comme je le fais moi-même
Et repartir chez vous avec votre âme en peine
Tournez tournez tournez le bal a pour dessein
De nous laisser troubler par les bras du destin
Quand elle a pris ma main sans me laisser le choix
J’étais au paradis pour un festin de roi
Sa joue contre ma joue a brisé mes silences
Sa robe si légère m’a laissé sans défense…
Alain Briantais DR


Je me souviens
de Paul-Eric Langevin
(à la manière de Georges Perec):
et à la mémoire d'Anne-Marie Desbat-Langevin
Je me souviens du Noël 84 ou 85 au cours duquel nos parents nous avaient offert, à ma soeur et à moi, d'énormes peluches, un ours et un éléphant.
Je me souviens que nous étions tous les quatre au restaurant lors d'un séjour en montagne et que ma soeur, qui avait un ou deux ans, se cachait sous la table.
Je me souviens que lors d'un autre séjour en montagne, immédiatement après le décès de mon père, je pleurais sur les marches de l'escalier et que ma mère m'a réconforté.
Je me souviens des promenades en montagne avec Anne-Marie et Isabelle, pendant toutes ces années, et qu'Isabelle toute petite adorait la tarte aux myrtilles.
Je me souviens que ma mère, ma soeur et moi aimions rire avec un de mes amis d'enfance, Guillaume Gaudry, qui avait un très bon sens de l'humour.
Je me souviens de rires au restaurant avec Pépé, Mémée, Maman et Isabelle dans un petit village de campagne.
Je me souviens de fous-rires au restaurant à Belle-Ile en Mer avec Maman, Olivier et Isabelle, Mémée était très mécontente.
Je me souviens que Maman aimait la quiche lorraine et nous en faisait souvent.
Je me souviens de ses ratatouilles et de ses préparations de légumes.
Je me souviens qu'elle préférait toujours les plats salés aux plats sucrés.
Je me souviens qu'elle travaillait dur pour préparer ses cours du collège et du lycée.
Je me souviens que lors du passage de la comète de Halley en 86 ou 87, je m'étais passionné pour le sujet en échangeant beaucoup avec elle.
Je me souviens de soirées passées à rire et à jouer aux cartes à la campagne avec elle, avec Raphaël et avec toute la famille.
Je me souviens que lors d'un déjeuner avec Papa, Maman, Mamie et Isabelle à la campagne, Papa avait piqué une colère et jeté ses couverts par dessus le parasol et que Maman était bien embêtée.
Je me souviens que Maman m'aidait à préparer mes cours de chimie au lycée pour préparer mes examens et que je m'énervais un peu quand je ne comprenais pas.
Je me souviens de tous les livres qu'elle lisait et qu'elle collectionnait et que je suis devenu un amoureux des livres plus tard.
Je me souviens des déjeuners avec Maman, Luce et Isabelle au restaurant le Royal toutes les semaines et que nous aimions manger des glaces.
Je me souviens que Maman avait sympathisé avec un historien passionnant et âgé dans ce même restaurant.
Je me souviens de notre séjour à Venise en 94, Isabelle, Maman et moi allions dîner dans des trattorias et Maman avait sympathisé avec un anglais.
Je me souviens de notre séjour à Florence à la campagne en 95 ou 96, toute la famille était là et Maman a adoré visiter la ville et les jardins suspendus.
Je me souviens qu'en commençant une psychanalyse en 99, on m'a cité la phrase de Shakespeare suivante: "La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui s'agite et parade une heure sur la scène puis on ne l'entend plus, c'est un récit plein de bruit et de fureur, qu'un idiot raconte et qui n'a pas de sens." C'est le hongrois Bruno Verebely qui m'a fait part de cette citation.
Je me souviens d'avoir vu le film "Forrest Gump" de l'américain Robert Zemeckis en 95 ou 96 et que la phrase fétiche du personnage était: "La vie est une grande boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber."
Je me souviens de la phrase testament du philosophe Jacques Derrida en 2003 ou 2004, qui nous suppliait de ne pas être tristes, de sourire comme il nous aurait souri jusqu'à la fin, d'aimer la vie et d'aller vers la vie malgré tout.
Je me souviens qu'Anne-Marie, déjà très malade, s'occupait avec joie de ses petites nièces pendant les vacances."
Paul-Eric Langevin DR
Quand je partirai
d'Anne-Marie Desbat-Langevin
Transmis par Paul-Eric Langevin
Août 2016 - en mémoire de sa maman
à Jean Cabut et à Antoine Leiris - “Vous n'aurez pas ma haine”
Yves Picart DR 2016
Paroles et Musique
Illustrations de leurs auteurs Droits réservés
Dans les yeux de Cabu
Chanson (version poème) de Yves P.Picart
à Jean Cabut et à Antoine Leiris - “Vous n'aurez pas ma haine”
1. Combien de fureur, de cris et de pleurs avant que ne bascule un cœur de l’autre côté de la terreur
Encore les corps qui souffrent l’odeur de poudre et de souffre et nos esprits déjà si las de tant de morts sans combat
Refrain. 1 Alors, parfois j’ai envie loin des hommes, de partir de me forger un paradis et ne garder que le souvenir d’une brume, d’un rêve perdu
2. Combien de Führer, de prophètes de malheur de cohortes de mauvais apôtres pour dresser un frère contre l’autre
Dans la fumée des bombes debout devant l’hécatombe que nous reste-t-il d’humain à offrir à nos enfants demain ? (au refrain)
3. Combien de bourreaux frappent encore en écho qui fera taire enfin le lâche et sanglant cri de la kalache
Pourquoi tuer à dessein pour un mot, pour un dessin tuer ce qui en nous peut naître l’humour d’un homme, la ferveur de l’être (au refrain) |
4. Comment départager ce qui de nous homme fait ce qui nous fait encore aimer de ce qui nous fait aussi tuer
Au pays des âmes mortes où la haine les emporte moi, je préfère rester vivre au pays des âmes libres
Refrain. 2 Même si, parfois j’ai envie loin des hommes, de m’enfuir de me forger un paradis pour garder juste le souvenir d’une brume, d’un rêve perdu dans les yeux de Cabu
5. Et si cet effroi revient Qu’il n’éveille que l’humain en moi Entre colère et compassion, c’est sûr J’espère choisir le chemin le plus dur
Pour enfin ne plus penser à ce qui a pu se passer à l’instant ultime, à ce qu’il a lu quelque part dans les yeux de Cabu |
Yves Picart DR
Paroles et musique
Illustrations de leurs auteurs Droits réservés
Assez !
de Zaïa Evain
J'ai des siècles de haine à verser sur le monde
Suffit ! Ne dites rien, écoutez ma faconde !
Assez de la misère, assez de ces morsures !
La vie ne serait-elle qu'une vaste imposture ?
Je n'en peux plus de voir l'hypocrisie des hommes
La main qui tient le fouet pour la bête de somme
La pierre immaculée des marches des églises
Qui n'ont pas su à temps arrêter la bêtise
De ces estomacs vides je ne peux me repaître
Offerts au déjeuner comme un bouquet champêtre
Il m'est insupportable et j'en ai la nausée
De savoir qu'en haut lieu tout est bien orchestré
Cessez la mascarade à quoi tout cela rime ?
Rechercher son salut aux entrailles du crime
Combien de sacrifiés à ce triste dessein ?
Sur l'autel de l'absurde, il ne restera rien
Impudique colombe aux ailes déplumées
J'ai la rage en songeant à ces vies dévastées
Pardonnez si mon cri n'est qu'un cri de colère
On rêve de la paix, on fomente la guerre.
Assez ! Assez ! Assez !
Zaïa Evain DR
Janvier 2016
Marianne résiste
d' Agnès RAVELOSON
Tu es inconsolable, le monde est cruel,
Des barbares ont arraché la vie à tes enfants.
Comme au lendemain de Noël, écoutez pleurer Rachel,
Après les affreux massacres des Saints Innocents !
Abattus en plein exercice avec lâcheté,
L’arme au poing, d’autres avaient comme outils leurs crayons,
Pour le plaisir de danser, de boire un verre au café,
Tous sont tombés, sous les rafales de balles, sans exception !
Après les défilés de roses et de prières,
Les larmes, les condoléances les plus tristes,
La joie de l’espérance incendie leurs bannières
L’Arc de Triomphe est ranimé. Marianne résiste !
L’amertume aussi bien le sel de tes larmes
Assainissent une patrie féconde, la relève existe.
Au cœur d’un sujet brûlant, une force d’âme,
Stop aux briseurs de rêves. Marianne résiste !
La violence implique toute l’humanité
Haine et sang versé tissent les actions terroristes,
Restons debout, unis, nos valeurs sont touchées
Echec à l’étouffeur de sens. Marianne résiste !
La liberté ne se donne pas, elle se prend
L’effort de défense est une vision pacifiste
Forte, nourrie de convictions, allez de l’avant.
Pavoise tes couleurs. Marianne résiste !
Une puissance printanière reverdit
Au-delà des compassions, la vie n’est plus triste
Continuons à vivre comme d’habitude, un défi
La routine du malheur n’existe pas. Marianne résiste !
Cent ans de poésie, sans arrogance ni sang versé,
La culture, l’art, l’humour, l’incontournable piste,
Sur une terre d’espérance, les graines sont enterrées.
Tes enfants ont les yeux levés vers toi. Marianne résiste !
Au cœur des évènements, même les plus tragiques,
Quel monde merveilleux cette pépinière d’artistes.
Ce soir je m’en vais au théâtre, c’est fantastique !
Je n’ai de raison que ton nom, Liberté ! Marianne résiste !
Agnès Raveloson DR
Printemps des poètes 2016
Bruxelles !
de Cypora HERSZORN - BOULANGER
« Avec la mer du Nord » aux tragiques sanglots,
« Des vagues » vermillon où ondule la peur,
« Et des vagues » crédo pour endiguer l'horreur
Qui n’entendront jamais plus le vent en écho ;
Avec à l’infini des chagrins échoués,
« Avec le vent de l'Est », l'entendez-vous pleurer
Ce « plat pays » qu’on a meurtri ?…
« Avec ses cathédral’s », ses temples, ses mosquées,
Où tintinnabulaient des beffrois, sans clivage,
Où l’on vivait heureux prêt à se concéder
Le moindre des égards, sans oiseux commérages,
Et des chemins ouverts aux essaims métissés ;
« Avec le vent de l'Ouest », se prêtant à rêver…
…Ce « plat pays » qu’on a meurtri.
« Avec un ciel si noir, qu'un canal » se déchire,
« Avec ce ciel » défait qu'il faut réconforter,
« Avec un ciel si noir » qu’il en vient à frémir
« Quand, sous le vent du nord », il prie agenouillé.
Que soient maudits tous ceux qui l’ont écartelé !
Comme il est accablé, comme il nous fait pitié…
…Ce « plat pays » qu’on a meurtri.
© Cypora HERSZHORN-BOULANGER
(Tous droits réservés)
(Sur musique et paroles d’une chanson de Jacques Brel – « Le plat pays »,
et en hommage à toutes les victimes de la barbarie tombées en ce matin
du 22.03.2016 en Belgique)
D’infinis paysages
Je m’offre le monde
d' Agnès RAVELOSON
Corbeille de mots
Les prémices du printemps
Un brin d’amitié.
Vert, jaune printanier
Et cortège boutons d’or
Flirt des papillons.
Un épi de riz
Un perchoir de rêve
Belles libellules
L’ouate blanche
Comme neige dans un champ
Edredon coton.
Vert émeraude
Ecrin d’azur, bleu lagon
Des cœurs en folie
Fraiche tonnelle
Allée de bougainvilliers
Volcan de baisers
2
Sous les cocotiers
Métissage des couleurs
Alliances en or
Orangers en fleurs
Les longues traines blanches
Les filles d’honneur
Vanille, safran
Gingembre, poivre, cumin
Ame indigène.
Frêle pirogue
Sans souci du lendemain
Glisse au fil de l’eau.
Flamboyant soleil
Se couche dans l’océan
Calme les requins.
Mes yeux caressent
D’infinis paysages
Je m’offre le monde
Agnès Raveloson DR
Printemps des poètes 25.03.2011
Spadassins primitifs
de Cypora Herzorn-Boulanger
Spadassins primitifs, prédateurs pitoyables,
Vous qui, au nom D’UN DIEU venez tout faire sauter,
De viles intentions votre foi est pavée,
La HAINE est en VOS cœurs, hideuse, abominable !
Où le péril choisi nous paraît lamentable.
Vous vous voyez MARTYRS, vous croyant invincibles,
Vous feignez d’être HEROS, mais n’êtes que COUARDS
Qui prenez au viseur des INNOCENTS pour cibles,
Et vers les corps meurtris n’avez aucun regard.
Pourtant LES DIEUX, là-haut, n’ont rien d’aussi cruels !
C’est VOUS qui ne savez démêler leurs messages
Kamikaz’s enragés aux idées d’un autre âge,
Radotant en écho d’un ton sempiternel !
Meurtriers ! Assassins ! Exécuteurs obscènes !
Quand vous écoperez de son Divin Courroux,
ALLAH, ce Manitou de votre ultime scène,
Vous précipitera au schéol des voyous !
Alors quand s’ouvriront les Portes de l’Enfer
Vous happant et jetant dans la fosse commune,
Vous maudirez le sort qui vous lie et vous ferre,
Sous le regard vitreux et cireux de la Lune ;
Et, tel que Pharaon aux temps des pyramides,
Il gommera vos noms de tous les édifices,
Vos restes pourriront en des fosses putrides,
Que chacals affamés laperont de délice !
© Cypora HERSZHORN-BOULANGER
(Tous droits réservés)

De Fleurs en Fleurs d'Oranger
de ThIAN
Photo de Thian
Je vous écris de fleurs en fleurs d'oranger
Je voudrais que souvent
de Serge Carbonnel
Serge Carbonnel DR
Janvier 2016
PARFUMS
de Colette Sauvanet
Les odeurs du mois de juin
ont frappé à ma fenêtre ce matin.
La dentelle de ma collerette a frissonné dans la fragrance
de la glycine
mêlée au miel de l’aubépine.
J'ai ramassé à la volée
les senteurs de mon passé:
La moiteur de ta peau vanillée,
l’âpreté de tes aisselles musquées
enivrent encore ma narine.
Ô ma mère ! ta peau délicatement fanée,
Tes pommettes à peine poudrées
juste un zeste citronnées,
Musiquette surannée
Ton caraco encologné
comme les houppettes des bébés
Ta lavande Yardley
ou Roger & Gallet
Ô ton petit mouchoir au parfum oublié
Colette Sauvanet DR
in "Bulles" Novembre 2015
photo Dimari
Il y a plus d’un demi-siècle
d'Agnès Raveloson
Le certificat de passage de l’Equateur
M’a été attribué, pour mon baptême de l’air.
J’ai quitté ma Grande Ile, un été de grande chaleur.
Après douze heures de vol, j’ai changé d’hémisphère.
Et le soleil était plus brûlant qu’aujourd’hui !
Venez, on y retourne sous les Tropiques,
En rêve, en bateau, par avion, soyez les bienvenus.
Un grand bol d’exotisme n’est pas utopique
La faune et la flore, la douceur de vivre,
La barrière de corail, la houle océanique,
L’Océan Indien nous raconte et se livre,
Les baleines à bosse rentrent en Antarctique.
De branches en branches, lémuriens au charme fou
En réserve naturelle, milieu fantastique,
Font leur numéro, de haute voltige, pour vous.
La déforestation menace l’espèce endémique !
Au rythme des pousses-pousses, taxi le moins cher,
Richesse et pauvreté, le contraste est partout,
Esclavage volontaire, forcé par la misère,
Sous le regard des ancêtres, en tout et pour tout.
Superbe coucher de soleil sur la mer,
Une architecture tropicale contemporaine,
Une atmosphère d’espace et lumière,
Bungalow, pied dans l’eau, le luxe bohème.
Incontournable hommage à notre grand-père,
Quand nous tombions, pleurant, les genoux couronnés,
Vous avez cueilli le coton pour vous soigner, j’espère,
Son humour valait mieux que le coton -tige aseptisé.
Au bout du chemin, sont nos chers aïeux, ci-git
Dans un fier monument érigé de terre, en granit
Mon grand père, drapé de linceul de soie, n’est plus
Quant à moi, entourée de sa paix, je ne pleure plus !
Agnès Raveloson
Novembre 2015
photo Dimari