Poèmes tous styles, académiques ou libres publiés ou recueillis par les membres adhérents ou sympathisants de la Ruche des Arts
L'armoire
de Claudine Vanlé
Mon cœur est une armoire dont les portes ferment mal.
Bien pendus, tout propres sur des cintres, mes bons sentiments:
L'amabilité, en prête à porter, prête à servir, à la moindre rencontre.
La compréhension, la bonne humeur,l'empathie sont un peu serrées,
Entre l'exubérance et la décontraction.
Juste en dessous, dans un tiroir plein à craquer
Et qui déborde, j'ai entassé mes rancœurs, mes déceptions,
La haine du voisin qui me pollue la vie avec sa musique,
La rage et le souvenir accablant de n'avoir pas pu, pas su
Dire ou faire ce que je voulais.
Et puis, sur les planches, bien rangés
Mes amours, mes enfants, mes petits enfants,
Avec leurs sachets de lavande odorante,
Leurs bouilles rieuses, leurs petits chagrins,
Leurs rires en grelots, leurs yeux confiants.
Sur la planche, tout en haut, difficilement accessible,
Des boîtes, des boîtes et des boîtes,
En fer, en bois, en carton,
Mille moments d'une vie,
Le jour où l'on devient orphelin,
La rencontre amoureuse, le bébé si fragile,
Les lettres d'espoir, les lettres d'adieu,
Toutes classées en liasse, avec leur petit ruban coloré.
Et sous l'armoire, poussés et repoussés si souvent
D'un coup de pied, tout au fond, pour les rendre invisibles,
La peur, la haine, la mort...
Tout est là, si dérisoire,
Si fragile et si précieux.
Moi seule ai la clé de cette armoire,
Qui n'est pourtant jamais fermée.....
Tant que me restera un souffle de vie.
Claudine Vanlé DR
Septembre 2017
Sensations
de Michèle Lassiaz
Les bruit s'eteignent
La nuit voilée
Se joue derrière les cheminées
Les murs et la nuit se fondent.
Les pas se meurent.
Puis quand tout semble consommé,
On perçoit des frôlements,
Des formes difformes
Agrandies par les ténèbres.
Monstrueux un être a passé
Terrifiant et merveilleux ce calme
Terrifiant ce miaulement agressif
Merveilleuse cette sensation
De voir et de vivre la nuit
La ville dort, la vie s'endort
Et je demeure là, éblouie
Michèle LASSIAZ DR
( in Fleurs et pleurs )
Papier de rentrée
de Fabienne Schmitt *
Petit bateau de papier
Vogue sur ma page
Petit bateau d’écolier
Sage comme une image
Senteurs de craie, de crayons
Bientôt la rentrée
Il faut quitter la maison
Son chemin tracer
Petit bateau de la vie
Qui m’a transportée
Loin des promesses d’ici
Et des bonnes fées
Tu as tangué si souvent
Sans jamais verser
Sous les tempêtes du temps
Et sans renoncer
Tu as porté mes tristesses
Mes jours de bonheur
Tu as vaincu mes paresses
Brisé mes douleurs
Mais tu n’as jamais coulé
Tu es mon courage
Petit bateau de papier
Qui tourne mes pages
Un jour tu vas m’emporter
C’est écrit déjà
Vers une étrange contrée
Qu’on ne connaît pas
Alors on mettra les voiles
Pour le grand voyage
Dans l’océan des étoiles
Au grand large…
Fabienne Schmitt DR
Inédit- fin août 2017- tous droits réservés
* Déjà publié dans PleinSens virtuel d'été, mais d'actualité
À chaque peine
suffit son jour *
de Pedro Vianna
À chaque peine suffit son jour
disait chaque nuit l’abat-jour
imaginaire
à l’ampoule innocente
accrochée au plafond indifférent
du cachot impuissant
de l’homme
symboliquement réel
écroué
pour cause de non conformité
qu’à tout prix on voudrait empêcher
de rêver
Pedro Vianna DR
in « au jour le jour »
et PleinSens n°39*
*Erratum, ce poème est paru dans le PleinSens n°39 avec une légère erreur de frappe d'écriture: à la ligne 8, il fallait lire comme ci-dessus "symboliquement réel" au lieu de "symbolique réel", nous vous remercions, amis poètes, et Pédro Vianna, en particulier, de bien vouloir nous en excuser en apportant un peu de lumière au sujet évoqué
Moi, le farfadet ivre
de Cypora herszorn-Boulanger
Un jour, je m’en irai voguer dessus la mer
Avec, pour seul billet, un aller sans retour,
Mon chemin fut si long, mes lendemains si courts,
Et je n’en ai goûté que quelques fruits amers.
Surtout, ne pleurez pas ! Ne priez pas de grâce !
Non, ne me couchez pas au fond d’un cimetière !
Moi, j’ai besoin du vent qui souffle et qui m’enlace,
Et qui m’emportera jusqu’au bout de la terre !
Vous mes amis féaux, amours qui ne sont plus,
Eparpillez mes os là-haut sur les falaises,
Pour que je puisse encore -ô j’ai tant attendu-
Contempler l’Océan ; Chopin, sa Polonaise
M’emmèneront, alors, tel un farfadet ivre
Et je pourrai, ainsi, au-dessus de la mer,
Moi qui n’ai jamais eu la liberté d’y vivre,
De me promener, là, comme au bras de ma mère.
Vous me retrouverez, illuminant vos vies,
Quand vous contemplerez le lit du firmament ;
Je serai n’importe où -même au cœur de la nuit-
Et je vous bercerai au couffin du levant.
© Cypora HERSZHORN-BOULANGER
(Extrait de DESSINE-MOI UN PO-AIME)
AFRIQUE 1
de Jean-Marc Denis
Les années qui défilent sur des images qui semblent d'un autre âge
Des hommes le dos courbé, le regard épuisé dans un monde d'esclavage
Le regard des enfants soldats qui depuis longtemps déjà n'en sont plus
L’espoir au fond de leurs yeux trop vides depuis toujours qui s'est tu
Ces images chaque jour de l'Afrique qui défilent sur nos tristes écrans
Dont bien souvent on détourne les yeux et par peur on cache à nos enfants
Pourtant ce pays porte en lui les rêves les plus fous, des couleurs magiques
Mélodies au rythme lancinant qui bercent le soleil rouge qui descend en musique
Quelques hommes et femmes qui dansent au son vibrant des tam-tams
D'une transe enragée ils disent adieu aux anciens accompagnants leur âme
C'est l'Afrique ancestrale, celle de la famille, du respect et de tous les partages
Celle pour laquelle j'aimerai sans doute un jour partir sans regrets ni bagages
Oubliant notre monde si souvent encombré de gâchis et de trop de fioritures
Où depuis si longtemps nous avons perdu le sens du partage et de l'ouverture
Jean-Marc Denis DR
Afriques -Mars 2017
2017 Année de poésie et de rencontres
d' Alain Briantais
A vous tous, poètes ou proches de la Ruche des Arts,
Alain Briantais DR
Carte deVoeux 2017
Il paraît que…
d' Hervé Gosse
Il paraît que celui qui écrit bien
Ecrit de fil en aiguille sur son chat
Ecrit sur son chat plus d’un chapitre
Ecrit sans faire de pattes de mouches
Ecrit avec un style qui fait mouche
Ecrit ses idées sans les dévoiler
Ecrit ses idées de gauche à droite
Ecrit pour être traduit dans sa langue
Ecrit en donnant sa langue au chat
Ecrit un mot si sa chandelle est morte
Ecrit quand il n’a plus de feu
Ecrit quand un ami prête sa plume
Ecrit que cela ne va pas de soi
Ecrit en vers avec une plume de soie
Ecrit soit des chiffres soit des lettres
Ecrit soit couché soit debout
Ecrit soit penché soit bien droit
Ecrit consciemment ou inconsciemment
Ecrit ni très tôt ni très tard
Ecrit tôt ou tard ce qu’il a sur le cœur
Celui là écrit bien, paraît-il .
Hervé GOSSE DR
la Rumeur Decembre 2016
L’hospitalité
d' Agnès Raveloson
Au cours des flux migratoires d’hier et d’aujourd’hui
A travers les siècles et les regards des historiens
L’accueil des émigrés était-il toujours bienvenu ?
Et si c’étaient nous les émigrés du temps présent ?
Un autre regard, chaque être humain est un étranger
Celui qui frappe à la porte attend l’hospitalité
Il aimerait être reçu et même être invité
A partager tout ce qu’il y a au four pour le dîner
Il n’est rien de plus agréable à l’homme fatigué
Que d’entendre dire, mange avec nous, assieds-toi
Le vin est excellent, belle est l’hospitalité
La joie de recevoir et d’accueillir chez soi
On se rappelle longtemps de l’hôte bienveillant
Mais cette vertu a ses limites, voir ne plus exister
Les vulnérables, les pauvres sont souvent
Ignorés, on leur vend cher l’hospitalité
Le partage pur et simple est aussi l’hospitalité
Saint Matthieu résume mieux cet état d’esprit
« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger,
J’étais étranger, vous m’avez accueilli »
L’hospitalité devenait une valeur, un héritage
Lorsque frappait à la porte un inconnu
« L’assiette du pauvre » était prête pour son passage
Celui qui frappait se savait être attendu
L’hospitalité est l’accueil de l’Autre
Rencontre de l’homme dans les liens de l’humanité
Se laisser accueillir en accueillant l’Autre,
Plaisir de recevoir aussi devoir d’hospitalité
Agnès Raveloson DR
Septembre 2016